Retour sur une année compliquée où le gel et la grêle ont durement frappé certains secteurs du Beaujolais au printemps, suivis, au début de l’été, par des épisodes pluvieux, pour finir mi-août avec un bel été indien, même si quelques averses ont demandé un dernier effort de vigilance aux vignerons.

L’année viticole en détail

Le premier trimestre 2021 s’inscrit à la hausse dans une dynamique disons « tropicale » : + 0,4 °C de température moyenne, + 18 mm de pluviométrie et + 56 h d’insolation.

Cette situation engendre un débourrement de la vigne au 5 avril en moyenne, soit 2 jours plus tôt que la moyenne (depuis 1993) mais 6 jours de retard par rapport à 2020, 3 par rapport à 2019 et 8 par rapport à 2018.

Entre le 5 et le 8 avril, des gelées historiques s’abattent sur le vignoble, faisant du mois d’avril 2021 le plus froid enregistré depuis 2001. Le mois de mai, lui-aussi, a suivi cette tendance, laissant les vignerons devant le fait accompli. Notons au passage que ces deux mois ont été plus pluvieux et plus ensoleillée que la moyenne (avec un record pour le mois de mai 2021, le plus pluvieux depuis 1959 : 157 mm)

Le début de la floraison est atteint le 9 juin en moyenne (soit 7 jours de retard par rapport à 2019 et 20 jours de retard par rapport à 2020).

Le moins de juillet, frais et pluvieux, déroge, si l’on peut dire, à la règle, avec assez peu de soleil. La pluviométrie de juillet 2021 est la deuxième plus élevée depuis 1964 après le mois de juillet 1977.

La mois d’août est dans son ensemble frais et sec : une pluviométrie située entre le 3 et le 7 août, un dernier épisode le 12 août, puis quasiment plus une goutte. Le début de la véraison s’établit en moyenne le 5 août (soit 7 jours plus tard que la moyenne depuis 1993), laissant une semaine plus tard un répit bienvenu pour la majorité des vignerons. À ce stade, le millésime 2021 est en retard de 18 jours par rapport au précoce 2020. En moyenne, 2021 se positionne comme le 4^e millésime le plus tardif après 1992.

2021 est donc bel et bien une année compliquée pour les vignerons du Beaujolais. La deuxième moitié du mois d’août et le mois de septembre ont permis de concerver la qualité des raisins avec cependant une quantité nettement en baisse en moyenne.

Notre avis en dégustation

Vous le savez, nous détestons les fameux tableaux de notation des millésimes. C’est comme si la météo était la même pour tous les vignerons, comme si les vignerons avaient travaillé avec le même acharnement, et comme si, peut-être le plus important, le vin ne pouvait avoir qu’un seul profil structurel et organoleptique dont il faut se rapprocher au plus près chaque année… 2021 est, à cet égard, l’exemple typique d’un style Beaujolais que l’on a peut-être un peu vite oublié et qui, si l’on cherche bien, possède un profil frais, fruité et délicat. Si l’on cherche bien…

Car 2021 est effectivement hétérogène. Les différents aléas climatiques qui ont ponctué l’année n’ont pas été sans conséquences sur la structure des vins et leur pureté aromatique (entendez des notes végétales très marquées, des goûts de souris ou encore des phénols volatiles). Pour les meilleurs, les raisins ayant été ramassé dans des conditions fraîches, les vins affichent des acidités qui soulignent un caractère « fruit rouge » très salivant. Plus légers en alcool et en tanins, ils gagnent en délicatesse et laisse transparaître les marqueurs de terroir les plus nobles. Des vins « faciles à lire » donc, très agréables à la dégustation, voire élégants pour les meilleurs qui, en dépit d’un manque de concentration par rapport aux 2019, 2020 et certainement 2022, évolueront agréablement sur quelques années ; 2016 étant peut-être l’année à rapprocher le plus de 2021 en termes de dégustation. Ce profil frais, enlevé et pour certains raffiné, fait du bien après l’excellent mais puissant 2020, surtout quand on aime le vin pour le boire et le partager. Nous, on aime 2021, vraiment. Notre sélection est à retrouver très prochainement, on vous tiens au courant.