Des jeunes premiers au pays des Pierres Dorées

Quand on parle du Beaujolais a des amateurs, en tant que critique, on s’attend à trois réponses. La première, c’est le Beaujolais Nouveau, car le Beaujolais c’est uniquement le 3e jeudi du mois, après on passe à autre chose. Bon… La deuxième, c’est les vins naturels, car le Beaujolais c’est quand même les vins naturels. Mouais, pas que... La troisième, c’est les crus, car le Beaujolais c’est surtout Morgon, Moulin-à-Vent, Fleurie, etc. Le reste, bof. Ah bon ? Le reste c’est quoi ? Allez, disons-le, c’est le sud du Beaujolais, plus précisément l’AOC Beaujolais qui représente statistiquement la majeure partie de la production de beaujolais nouveau. Donc a priori pas grand-chose d’intéressant en dehors du 3e jeudi du mois de Novembre…

Pourtant si l’on cherche un peu dans le coin, on tombe très vite sur des noms bien connus, Jean-Paul Brun ou Pierre-Marie Chermette par exemple. En réalité, si l’on cherche un peu, on découvre un territoire de 4800 ha, d’altitude moyenne 318m (avec un pic à 450m)  où, situation unique dans la région, tous les sols du Beaujolais sont représentés. Des gneiss, pierres bleues et granites aux roches plus récentes, tout y est, au point que certaines d’entre elles (les plagiogranites de Saint-Vérand par exemple) ne se trouvent que dans cette AOC où le calcaire est le plus fréquent. Si le Beaujolais Nouveau y trouve sa plus grande source de raisins, cette région n’en reste pas moins un vivier de bons domaines nés sur les coteaux pauvres et ondulants des Pierres Dorées.

Quentin Morel - Domaine des Prévelières

Parmi ces exploitations, celle de Odile et Serge Morel, qui posent leurs valises à Oingt en 1995 pour créer le domaine des Prévelières. Rejoints par leurs enfants Quentin et Gaëtan en 2010, ils profitent de cette main-d’œuvre fraîche et passionnée pour préparer l’avenir. 2017 est le premier millésime des jeunes frères, mais aussi celui des parents qui vendaient jusqu’alors l’ensemble de la production au négoce. Suite au décès de leur Oncle situé sur le village voisin de Moire, la famille Morel doit absorber une montée en charge du vignoble. De 3ha à leur arrivée, le domaine monte à 30ha… Replantations (12 ha sur les 30), changement de culture, la famille ne traîne pas : le père, pourtant retraité, est au tracteur, les frangins un peu partout, finalement tout le monde œuvre au vignoble pour, en 2022, convertir l’ensemble de la production à l’agriculture biologique. Dans le même temps, la mise en bouteille doit trouver des marchés. Là aussi, les choses ne traînent pas. De 0 bouteille en 2017, le domaine passe à 28 000 cols commercialisés en 2022 !

Cuvées du Domaine des Prévelières

Côté cave, chaque terroir fermente séparément en levures indigènes, suivi de macérations plutôt longues pour la région (entre 20 et 24 jours). Selon la cuvée un élevage cuve et/ou demi-muids affine les vins durant 6 à 12 mois. Si les blancs, les-pierres-dorées et les-carrières, se distinguent par des profils toniques et citronnés, les rouges jouent la carte de la profondeur et de la concentration, rappelant au passage que le Beaujolais peut être un vin « de soif » avec de la structure et de la typicité. Comparer vigne-brun, mont-joli et rongefert, c’est apprécier toute la mosaïque de sols, d’exposition et d’altitude qui dessine les paysages environnants du domaine. Les résultats de notre dégustation seront bientôt en ligne. En attendant, n’hésitez pas à vous perdre sur les chemins vallonnés des Pierres Dorées pour rencontrer Quentin et Gaëtan Morel du domaine des Prévelières.

 

Domaine des Prévelières

986 Rte du Layet du Bas

69620 Val d'Oingt

d.prevelieres@live.fr

Quentin Morel : 06 89 40 85 33